La cour d’appel de Casablanca a condamnée, le mardi 26 Juin, Nasser Zefzafi le leader du mouvement de protestation de la région du Rif au Maroc, appelé « Hirak », et trois autres manifestants, à des peines d’emprisonnement de 20 ans ferme. Ils sont accusés de « participation à un complot qui porte atteinte à la sécurité de l’Etat ». D’autre part, 49 personnes ont été condamnées à des peines allant de 2 à 15 années de prison, tandis qu’une autre personne a été condamnée à payer une amende de 5 000 Dirhams.
Ces sentences ont été prononcées en l’absence des accusés, qui sont poursuivis depuis septembre 2017, et qui ont décidés depuis mi-juin de cette année de boycotter les audiences qui leur restaient.
Les faits remontent à la période entre le printemps 2016 et l’été 2017, dans la ville d’Al Hoceima et ses environs, où des manifestations ont été organisées suite au décès de Mouhcine Fikri mort dans une benne à ordure sous les yeux de policiers alors qu’il voulait les empêcher de jeter sa marchandise . C’est suite au mouvement de protestation qui s’en est suivi, que les autorités ont arrêté 450 manifestants avec une violence extrême.
Ce jugement de la Cour d’Appel n’est que le couronnement d’un procès dépourvu de toutes les conditions d’un procès équitable; les accusés ont rapporté devant la justice et dans les rapports d’audition que leurs droits n’ont pas été respectés : pendant la période de garde à vue, lors de l’instruction de leur dossier, ainsi que dans toutes les procédures juridiques, allant de la rédaction du procès-verbal d’audience jusqu’à des faits graves de torture et des comportements humiliants pendant leur détention.
Tous ces jugements expéditifs nous font penser aux jours sombres des procès qu’a connus le Maroc durant les années de plomb, et soulèvent à nouveaux des interrogations sur le niveau d’indépendance de la justice au Maroc.
Nous demandons aux autorités marocaines de revoir ces jugements sévères et de garantir un procès équitable à tous les prisonniers du mouvement « Hirak » ainsi que tous les prisonniers politiques au Maroc.
Département Moyen Orient et Nord Afrique
AFD International
30 Juin 2018