4 ans après, nous n’oublions pas les attentats tragiques du 13 Novembre 2015 ayant pris pour cible plusieurs endroits de la capitale française, faisant des dizaines de morts. Nous nous rappelons également de la grande campagne de perquisitions, d’interpellations, d’assignations à résidence qui ont suivi ces attentats, dans le cadre de la mise en place de l’état d’urgence. En terme de chiffres, il y a eu à l’époque près de 4300 perquisitions, souvent de nuit, plus de 600 personnes assignées à résidence. Moins de 1% des perquisitions ont mené à des accusations en pour activités à caractère terroriste. Cela prouve bien l’aspect disproportionné et inefficace de ces mesures, qui ont ciblé essentiellement les populations de confession musulmane, parfois simplement sur base de signalement de voisins. Ces mesures se sont par la suite étendues pour atteindre également divers mouvements sociaux, à l’image des manifestations en marge de la COP21, sévèrement réprimée.
La tuerie de l’employé de la préfecture de Paris dans son lieu de travail, et le climat régnant qui s’en est suivi nous rappelle cette période post-attentat de Novembre 2013. Nous condamnons fermement ces actes criminels, et tout en exprimant notre pensée envers les familles des victimes, nous invitons l’état français à se doter de mesure dans le traitement de ces événements, et éviter tous les discours stigmatisants.
Nous signalons par ailleurs que l’appel du Président Macron à une société de vigilance est certes un aveu de faiblesse de la part de l’Etat français, mais surtout, de par son ambiguïté, pourrait constituer un appel aux signalements de masse dont seraient victimes la population de confession musulmane. Et si l’on se fie aux critères énoncés par le ministre de l’intérieur Christophe Castaner, ces signalements pourraient se baser sur des critères liés à la pratique même de la religion musulmane. Ces déclarations sont d’autant plus graves qu’elles interviennent quelques jours seulement après la convention de la droite, événement où nous avions eu droit à un florilège de propos à caractère islamophobe, voire d’apologie du nazisme.
Par ailleurs, les premiers effets de ces déclarations ambiguës se sont déjà manifestés, notamment en enjoignant une femme voilée, accompagnant son fils à une sortie scolaire au conseil régional, à quitter la salle à cause de son port du voile.
Des événements tels que celui de la préfecture de Paris sont des événements tristes qui peuvent conduire à un climat de tension, mais il est impératif que les différents pouvoirs, mais surtout le pouvoir exécutif et médiatique, se dotent de raison pour ne pas tomber dans des postures ou des mesures stigmatisantes.