Le 2 Octobre 2020, dans un discours prononcé dans la ville des Mureaux, le président français a annoncé un ensemble de mesures qui devraient être prises dans le cadre d’un projet de loi contre le séparatisme islamiste, qui serait proposé le 9 Décembre prochain. Loin de s’intéresser aux problèmes de l’islamophobie, de l’exclusion sociale et la défense des minorités, les mesures annoncées par le président français Emmanuel Macron risquent de creuser le fossé de l’exclusion.
Si la lutte contre le terrorisme est importante, surtout à l’heure où s’ouvre le procès de l’attentat meurtrier de Charlie Hebdo qui nous espérons rapportera plus de lumière sur les coupables de cet attentat, il est aussi important que ces attentats ne soient pas un justificatif voire un moteur de mesures qui provoqueraient plus d’exclusions à l’encontre des minorités.
Notre alerte vient déjà de l’expression même de « séparatisme islamiste », aussi ambiguë que dangereuse qui, au lieu de rassembler sur un idéal à partager, elle pointe un problème avec des personnes de confession musulmane.
Notre alerte porte également sur les orientations de ce discours, à commencer par cette volonté exprimée de « bâtir un islam de lumière ». La volonté d’instaurer une gestion gallicane de l’islam de France et de contrôler ses manifestations publiques et privées constitue une atteinte manifeste à laïcité et sa loi principale adoptée un 9 Décembre de l’année 1905.
Au passage, nous nous étonnons que ce discours ne fasse aucune allusion au phénomène d’islamophobie, aux ampleurs grandissantes et visibles à tous les niveaux, venant parfois des structures mêmes de l’Etat français, qui provoque voire accentue le sentiment d’exclusion d’un bon nombre de citoyens de confession musulmane. Comment pourrions-nous faire ou laisser faire du séparatisme d’un côté et le combattre d’un autre ?
Nous rappelons les autorités françaises que la liberté de culte et de conscience est une liberté fondamentale garantie par la constitution, la loi de 1905 et au-delà par la convention européenne des droits de l’homme et les autres traités internationaux. La neutralité de l’état, de ses agents ou de ceux et celles qui assurent une mission de service public ne s’applique pas aux citoyens. Aussi, faut-il le rappeler, La cour Européenne des Droits de l’Homme précise que l’obligation de neutralité ne doit pas porter une atteinte disproportionnée à la liberté de conscience et de culte des agents publics.
AFD International
Département Europe & Asie Centrale
12 Octobre 2020