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Cameroun : Affaire Paul Eric Kingué, 7 ans après, la justice ne peut plus attendre

Sept ans après l’arrestation et la détention de Paul Eric Kingué, la République du Cameroun doit se conformer à ses obligations nationales et internationales en garantissant à PEK un procès équitable, plaide l’AFD International.

Paul Eric Kinguè, membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), élu maire de Ndjombe Mpenja le 12 juillet 2007 a été arrêté le 29 Février 2008 à son domicile à la suite des émeutes de février 2008, dites « émeutes de la faim», et inculpé suite à trois chefs d’accusations.

PEK fait l’objet d’un acharnement judiciaire sans précédent depuis 7 ans. Au regard de la vacuité du dossier à charge et de l’absence des éléments de preuves, les avocats de la défense, estiment que l’on est dans la catégorie III de ce que le Groupe de travail sur la détention arbitraire considéré comme étant une privation de liberté arbitraire. C’est-à-dire, un cas dans lequel, l’inobservation, totale ou partielle, des normes internationales relatives au droit à un procès équitable, établies dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les instruments internationaux pertinents acceptés par les Etats intéressés, est d’une gravité telle qu’elle rend la privation de liberté arbitraire.

Sept ans après avoir jeté PEK en prison sans fondement, les véritables raisons de sa mise à l’écart sont toujours soigneusement occultées. Celles-ci n’ont été évoquées qu’une seule fois lors des plaidoiries des avocats de la défense, en présence des membres de la mission d’observation d’AFD International lors du procès de 21 juillet 2011. D’après les avocats de défense, les différentes procédures engagées contre PEK ont donné lieu à des procès marqués par des irrégularités de procédure, de faux témoignages, de disparition de preuves, de manœuvres dilatoires, visant à maintenir ‘ad aeternam‘ Paul Eric Kinguè en détention.

Pour de nombreux observateurs, les véritables raisons de cet acharnement judicaire sont liées à la dimension politique et économique de cette affaire. En s’attaquant aux multinationales œuvrant dans le domaine de la banane, à travers l’exigence de l’acquittement des taxes communales dont elles ont été exonérés pendant de nombreuses années, la suppression des frais fictifs payés par sa commune, PEK aurait mis le doigt sur un vaste réseau maffieux de corruption.

L’enjeu du combat que mène Paul Eric Kingué, n’est pas uniquement celui de la lutte pour la jouissance des droits fondamentaux d’un individu, mais aussi et surtout une lutte pour l’appropriation souveraine des ressources et richesses de Djombe Mpenja au bénéfice du peuple camerounais. A cet effet, son courage devrait être salué.

En dernier recours, la Cours Suprême du Cameroun devrait examiner l’affaire prochainement. Malgré les nombreuses déceptions que nous avons connues dans le passé, nous gardons confiance, car au regard des innombrables erreurs juridiques qui ont émaillé les différents procès, nous espérons que la justice sera rendue à Paul Eric Kinguè, dans le cadre d’un procès équitable qu’il réclame depuis si longtemps et auquel il estime avoir droit comme tout citoyen d’un État de droit.

Le Président Biya et son Gouvernement se sont engagés depuis quelques années à lutter contre l’impunité et la corruption, en ce compris celle des grandes multinationales. L’affaire PEK est une opportunité pour l’Etat de respecter ses engagements pris tant sur le plan national qu’international, en mettant tout en œuvre pour que justice soit rendue.

AFD International demande à ce que la justice, et rien que justice, soit rendue à Mr. Paul Eric Kingué. AFD International sollicite à cet effet, la diligence des autorités judiciaires compétentes afin que le procès de PEK aboutisse enfin et que toute la lumière soit faite sur cette affaire.

Département Afrique Subsaharienne
AFD International- HQ-Office
Rue Stevin 95
1000 Bruxelles, Belgique

Contact: africa@afdinternational.org

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