Moyen Orient & Afrique du Nord

Maroc :  Risque d’extradition vers la Chine du citoyen ouighours Idriss Hasan

Incarcéré depuis le 19 juillet 2021 dans une prison marocaine, le citoyen ouighour Idriss Hasan, ingénieur en informatique et père de trois enfants risque de se faire extrader par le Maroc vers la Chine et ceci malgré les risques de torture.

Domicilié en Turquie depuis quelques années après avoir fui les persécutions dans son pays, Idriss Hasan a été interpellé à l’aéroport de Casablanca suite à un signalement international (pas via Interpol). Selon nos sources, ce citoyen n’a commis aucun délit, que ce soit en Chine ou en Turquie où il vit apparemment depuis 2016. La Chine aurait malgré tout demandé son extradition. Il est à noter que la Chine utilise son poids économique pour imposer à un certain nombre d’Etats à signer des traités d’extradition (en 2016 Belgique – en 2017 Turquie) Pourtant en mars 2021, des experts des Nations Unis[1] avaient exprimé leurs inquiétudes concernant les allégations de détention de plusieurs centaines de milliers de Ouighours dans des camps de travail forcé. Les experts ont demandé à cette même occasion de pouvoir accéder aux différents sites afin de mener des missions d’observation.

Notre organisation ainsi que la plupart des acteurs des droits de l’homme dénoncent depuis des années les dénis de droits dont sont victimes les communautés musulmanes du Xinjiang tels que les Ouighours, les Kazakhs, les Kirghizes et les Hui.

Nous rappelons au Maroc qu’il a signé la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants[2] et que celle-ci stipule bien à son art. 3 qu’« Aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture. » Dans le cas présent et sur base de la situation en Chine, il serait donc extrêmement risqué d’extrader monsieur Idriss Hasan.

Nous appelons les autorités marocaines à libérer Idriss Hasan dans les plus brefs délais et ne pas être complice du régime chinois qui porte atteinte aux droits fondamentaux de la communauté musulmanes de Chine.

Département MENA
AFD International

[1] https://news.un.org/fr/story/2021/03/1092912

[2] Adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale dans sa résolution 39/46 du 10 décembre 1984

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