Moyen Orient & Afrique du Nord

Maroc : AFD International condamne la sévérité́ du jugement contre le journaliste Soulaimane Raissouni 

Vendredi 9 juillet 2021 dans un procès entaché de graves irrégularités qui porte, selon nous, atteinte à la justice et aux droits de l’accusé, la cour d’appel de Casablanca a condamné, le journaliste Soulaimane Raissouni à cinq ans de prison et 100 000 dirhams d’amende (10 000 euros).

Ce procès a été le théâtre de plusieurs violations, dont le refus de poursuivre Monsieur Raissouni en état de liberté malgré les demandes répétées de la défense et toutes les garanties de comparution qu’il offrait et ceci en l’absence de tout précédent dans son casier judiciaire.

Il faut noter qu’en infraction avec le droit marocain le tribunal a refusé que l’accusé soit présent aux audiences et qu’il a été jugé sans qu’il puisse être entendu. En effet, le tribunal et l’administration pénitentiaire ont insisté pour que le journaliste Raissouni ne puisse pas disposer d’un fauteuil roulant et d’une ambulance pour le transporter afin d’assister aux différentes audiences. La grève de la faim qu’il mène depuis 94 jours l’a laissé dans un état de santé grave, selon le diagnostic de ses médecins. Toujours selon ses médecins, il serait dans l’incapacité de se tenir debout et de marcher.

En raison de l’ensemble de ces violations, la défense a été contrainte de se retirer d’un procès qui selon eux ne remplissait pas les conditions minimums d’un procès équitable.

Nous exprimons notre étonnement face au déroulement de ce procès basé sur les déclarations d’un témoin unique pour condamner un journaliste détenu pour ce qui est censé être une agression sexuelle, dans lequel toutes les preuves légales prévues par la loi marocaine étaient absentes. Nous nous posons la question de savoir comment un tel procès peut rendre justice ?

Cette lourde peine s’ajoute à la répression systématique des libertés publiques et de la liberté de la presse et la liberté d’expression contre un certain nombre de militants des droits humains au Maroc.

D’autres militants et journalistes sont toujours en prison, comme les militants du mouvement « Hirak » du Rif, de Omar Radi, de Taoufik Bouachrine, de Abdelkabir Al-Hurr, de Omar Al-Hudaym, de Mohamed Al-Asrihi, de Mohamed Al-Madimi, de Adel Labdahi, de Abdelali Brik, de Mohamed Sekkaki, de Mohamed Boudouh et d’autres qui sont soit détenus, soit suivis après leur libération.

Nous dénonçons donc dans cette affaire, la condamnation d’un accusé en son absence et en l’absence de sa défense. AFD International appelle les autorités marocaines à libérer le journaliste Soulaimane Raissouni et tous les autres journalistes et blogueurs.

AFD International appelle également à la protection de la liberté ́ d’opinion et d’expression et à l’application de toutes les garanties constitutionnelles permettant aux journalistes d’exercer leur rôle d’éclairer l’opinion publique et de transmettre des nouvelles et des informations.

 

 

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